Histoire de l’église

Hugues de Châteauneuf évêque de Grenoble
Guy de Roussillon, archevêque de Vienne

En 1091, Le seigneur de Tullins Aténulfe de Poitiers fait don à l’archevêché de Vienne de la chapelle Saint-Barthélemy (chapelle du château), de l’église Saint-Maurice (dont nous avons perdu toute trace), et de l’église Saint-Laurent-des-Prés, église romane, dont la construction a commencé au Xe siècle. À cette époque, l’archevêque de Vienne Guy de Roussillon, futur pape sous le nom de Calixe II, et l’évêque de Grenoble, Hugues de Châteauneuf, qui deviendra saint Hugues, sont en conflit, chacun revendiquant des droits sur le Comté ou Diaconé de Salmorenc (dont il reste le nom à travers la rue de Sermorens à Voiron). Après plus de vingt ans de dispute, un arbitrage est rendu par le pape Pascal II en 1107, qui attribue l’église au diocèse de Grenoble. Celui-ci en fait rapidement don aux Bénédictins Saint-Chef en 1108, à charge pour eux de construire un prieuré, dont il reste aujourd’hui la maison paroissiale.

De la fin du XIIe à la fin du XVe siècle les bénédictins vont bâtir une nouvelle église, ne gardant de l’ancienne que le porche et le premier étage du clocher.

Mais en 1320, les bénédictins n’arrivent pas à se mettre d’accord sur la nomination de leur frère supérieur. En conséquence, le pape Jean XII décrète l’archevêque de Vienne chef et abbé perpétuel de Saint-Chef. Le prieuré repasse donc sous l’obédience de Vienne, mais l’église étant par ailleurs église paroissiale reste visitée à ce titre par l’évêque de Grenoble. En 1535 les bénédictins de Saint-Chef sont dispensés de prononcer des vœux, et on ne trouve plus trace d’un prieur à Tullins après 1540. Jusqu’à la révolution, il n’y aura que des sacristains ou des sous-prieurs, et en 1774 le chapitre de Saint-Chef sera uni à l’abbaye Saint-André-le-Bas de Vienne.

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Le XVIe siècle : les guerres de religion.

Le baron des Adrets
Le duc de Lesdiguières

En 1562, Lamotte-Gondrin (plus connu sous le nom de Pardaillan) lieutenant général du Dauphiné attire Louis Gay, chatelain de La-Côte-Saint-André dans un guet-apens dans un bois de Tullins. Il le pend à Romans, puis est tué à Valence quelques jours après. Ainsi débutent les guerres de religions en Dauphiné. Elles vont durer jusqu’en 1598. Si la tradition populaire rapporte qu’une colonne, conduite par le baron des Adrets, a fait irruption dans l’église en détruisant des culots supports des voûtes pour que celles-ci s’effondrent, et a été mise en fuite par les troupes de Lesdiguières, nous n’avons rien trouvé dans nos sources permettant de confirmer cet épisode

Le XVIIe siècle : L’arrivée des Ursulines.

En 1633, les Ursulines arrivent à Tullins, et occupent le prieuré, qui était à l’abandon depuis plusieurs années. Elles partiront en 1675 pour leur nouveau couvent de Cruzille, qu’elles occuperont jusqu’à la Révolution, mais continueront à assister aux offices dans l’église Saint-Laurent-des-Prés, dans laquelle on compte 20 chapelles en 1655.

Source: Les Amis du Vieux Tullins

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Le XVIIIe siècle : L’église s’embellit.

En 1701, le toit du clocher, en tuf, est remplacé par un toit en ardoise.

L’an 1756 vit l’installation de l’horloge et des petites cloches encore visibles dans l’épaisseur des murs du clocher.

En 1773 la fabrique décide de la construction d’un nouveau maître-autel

Mais l’église est fort dégradée lorsque survient la Révolution

Le XIXe siècle : Le creux de la vague, puis la renaissance.

En 1789, l’église, gérée par une fabrique, échappe à la confiscation des biens du clergé. Mais, en 1793 les lieux de culte sont fermés et les biens des Fabriques sont confisqués. Après avoir été rebaptisé « temple de la raison » le culte de l’Être suprême y est célébré en 1794, puis elle est utilisée comme remise agricole. Pendant cette période, elle subira des dégradations, tant dans son architecture que dans son mobilier.

La mise en place du concordat en 1801, puis la re-création des fabriques en 1802, verra le début de sa renaissance. En 1823 – 1824 la refonte des cloches en mauvais état lui redonne un peu de lustre, mais ce n’est qu’en 1853 que le curé Koenig entrepris les premiers travaux de réfection, dans un climat conflictuel avec la municipalité. En 1854, la construction de l’église de Fures vient amputer les ressources de l’église de manière signification, et ce n’est donc qu’en 1866 – 1867 que le curé Mège restaurera et agrandira l’église pour lui donner son emprise actuelle.

En 1869, le remplacement des cloches dont l’une était fêlée permettra d’assurer leurs fonctions jusqu’à nos jours, et en 1886, la restauration du clocher complètera la remise en état de l’édifice

Le XXe siècle : La séparation de l’Eglise et de l’État, puis la prise en compte des aspects patrimoniaux.

Après la loi de 1905 séparant l’Eglise et l’État, une nouvelle période de tension survient lors de l’établissement des inventaires en 1806. Cette même année, les autorisations administratives n’étant pas en règle, des procès-verbaux pour délits de messe sont dressés. Les choses se tasseront à partir de 1907, le curé Berthet obtenant le droit de jouissance de l’église.

En 1922, un autel en l’honneur des morts de la première guerre mondiale est érigé dans l’église.

En 1930 : le clocher est classé Monument Historique, et en 1965, ce sont les décors et le mobilier qui sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques.

Une nouvelle réfection de la toiture du clocher et de l’église nous permet de l’admirer encore aujourd’hui, et de penser qu’elle passera le XXIe siècle en bon état général, même si une restauration des décors serait la bienvenue compte tenu des désordres locaux.

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Pour en savoir plus

En 2022, l’association a publié cet ouvrage de plus de 200 pages, qui reflète l’état de nos connaissances sur l’histoire de l’église et ses protagonistes


En vente à la Maison de la presse de tullins, le bureau de tabac de Fures, et auprès de l’association